AgileGamesFrance 2014 (1ère partie)

La troisième édition de Agiles Games France s'est déroulée à Lyon les 6 et 7 février 2014. Quand on parle de jeux ce sont avant tout des serious games créés pour approfondir un principe, des valeurs, une méthode agile. Pour plus d'informations vous pouvez lire ma description de l'édition précédente.

Personnellement cette conférence m'aide à trouver de nouvelles manières de faire des formations. Avec du recul les gens formés gardent très peu de chose d'une formation théorique. Au bout d'une semaine, un mois,un an il peut ne rien rester s'il n'y a pas de pratique. L'avantage du jeu est de permettre aux participants de se projeter dans une situation. Le jeu leur permet de garder des images, des bribes des conclusions. Il est plus facile de se rappeler du déroulement d'un jeu et de sa rétrospective que du contenu de 80 slides. Encore une fois Agiles Games a répondu à toutes mes attentes. Le mode autogéré déplaît à certains, mais pour moi c'est ce mode qui fait le succès de cet événement. Au lieu de rester et de subir les choses c'est à chaque participant de faire en sorte que ces deux jours soient le plus riche possible, en proposant des jeux, en se situant là ou l'action se passe.

Revenons sur les jeux auxquels j'ai pu participer en tant que joueur ou spectateur.

Icebreaker qui suis je?
Nous avons commencé par un petit jeu pour briser la glace entre les participants qui ne se connaissent pas forcément au départ. Le principe est simple, chaque participant doit coller un sticker sur le front d'une personne prise au hasard. Une fois que le sticker est en place le jeu démarre. Le but est d'observer les gens autour de vous qui miment l'animal que vous portez sur le front. La parole est interdite. Je dois dire que mimer un ours à 9h du matin est assez simple. Mimer un cachalot ou un iguane l'est beaucoup moins.... Mais cette pratique a le principe de vite désinhiber tout le monde. Une fois que l'animal est découvert, les personnes doivent former des groupes à caractéristiques communes. Chaque groupe reçoit ensuite un mot afin de recomposer une citation souvent attribuée à tort à Platon "on peut en savoir plus sur quelqu'un en une heure de jeu qu'en une année de conversation".

Radeau de la méduse
Ce jeu de carte a été créé pour l'occasion pour sensibiliser les gens au stand-up. Le principe est simple nous sommes réunis pour un stand-up et chaque participant joue le rôle décrit sur une carte méduse ou éponge. Les cartes méduses décrivent des comportements néfastes alors que les cartes éponges décrivent un comportement normal. 

La rétrospective permet d'identifier les différents rôles jouer par les acteurs. Pour ce premier essai j'ai trouver ce jeu très intéressant. La seule amélioration qui me semble nécessaire est d'être plus précis dans la définition des rôles surtout si les joueurs ne connaissent pas cette pratique.

Carton bleu

Dans ce jeu 4 équipes représentent 4 services d'une même entreprise. Chaque équipe se voir remettre deux cartes : une jaune et une bleue. Le score de chaque manche est lié aux cartes jouées par les différentes équipes.

  

A chacune des manches une équipe peut envoyer un émissaire pour dialoguer avec une seule autre équipe. Très vite les joueurs se prennent au jeu en essayant de faire le meilleur score possible, sans hésiter à se liguer contre les autres équipes... en oubliant un fait majeur.... ils font partie d'une équipe mais toutes les équipes font partie d'une même entreprise. 

Si on regarde les règles de marquage, les meilleurs score pour une entreprise sont faits si toutes les équipes jouent la sécurité (le bleu) ou si une seule prend des risques (le jaune). Ce jeu montre qu'il est primordial d'avoir une vision commune pour arriver à maximiser les résultats. Le dialogue est une solution pour y arriver mais il faut également que les managers fassent en sorte de ne pas opposer les équipes mais de les challenger de la même manière. 

Jeu Lego serious play - story telling (lien)

Je n'ai pas directement joué à ce jeu et j'ai préféré jouer un rôle d'observateur pour pouvoir naviguer au sein des différentes équipes librement. Dans la première phase du jeu, chaque participant doit choisir au hasard deux pièces qu'il place devant lui et à sa droite. Comme les joueurs sont placés en rond chaque joueur se retrouve avec 3 pièces autour de lui. Un tour de table est ensuite effectué où chacun raconte une histoire inspirée par ces simples éléments Lego. 

C'est assez marrant de voir comment l'imagination permet de transformer des formes abstraites en des formes concrètes. C'est un peu le travail que doit faire un informaticien lorsqu'il va expliquer le fonctionnement d'une maquette à des utilisateurs....

J'ai pu observer dans cette séance de storytelling une certaine harmonisation des histoires sur certaines tables de jeu au niveau des thèmes. Par contre un même objet pouvait prendre des significations totalement différentes.   

Dans la deuxième phase du jeu les joueurs doivent construire une scène à partir de n'importe quelles pièces. A la fin un tour de table est à nouveau effectuer pour que chacun raconte ce qu'il a construit. Dans la troisième manche le thème est imposé par l'animateur (par exemple la gamification).  Le jeu s'est ensuite arrêté là, mais il aurait pu continuer jusqu'à construire une seule grosse pièce tous ensemble. 

Au début du jeu tous les participants n'ont pas la même capacité à avoir de l'imagination et de l'exprimer. Le but de cette approche est d'amener progressivement les participants à cultiver leur pensée créative en utilisant des métaphores. Ceci permet de développer ses compétences pour communiquer plus efficacement, et permet aussi d'améliorer sa créativité en laissant plus libre court à son imagination.   

Intégration continue (lien)

Dans ce jeu de construction à base de Lego le but est de faire construire deux objets à deux équipes différentes à partir d'une spécification (plan de construction).

Dans la première phase nous sommes en mode de projet waterfall où chaque équipe construit son objet sans se soucier du travail d'à côté. A la fin le travail des deux équipes est assemblé pour voir si les deux objets s'imbriquent pour former un parrallélépipède. Pour corser le jeu la spécification comporte une erreur et il est intéressant de voir comment les équipes corrigent ce problème. 

Dans la deuxième phase les plans de construction sont inversés et le mode de gestion change. Nous passons cette fois en mode incrémental en 5 itérations. A chaque fin d'itération une tentative d'intégration est faite. 

Le mode incrémental et l'intégration continue permettent de découvrir l'erreur de conception beaucoup plus tôt avant la livraison. Sur des cas plus complexes on voit très vite l'intérêt de livrer le plus rapidement et le plus souvent possible

Fearless journey (lien)

Je n'ai pas pu tester ce jeu l'an dernier à Agiles Games et j'ai donc sauté sur l'opportunité de l'essayer cette année. Et j'ai bien fait car il est très intéressant. Le jeu propose 50 patterns (recettes)  tirés du livre Fearless change : patterns for introducing new ideas pour résoudre une problématique.

Pour que le jeu soit intéressant il est préférable de partir d'une situation existante et de définir la cible à atteindre. Les joueurs indiquent ensuite sur un bout de papier tous les points de blocage qui peuvent empêcher d'arriver au résultat attendu.

3 cartes sont distribuées aux joueurs. Les points de blocage sont ensuite découverts un à un. Les participants proposent le pattern qui à leurs yeux permettrait de débloquer la situation. Un échange commence entre tous les participants pour peser le pour et le contre de chaque proposition. A la fin nous arrivons à un consensus et la carte choisie est enlevée du jeu. Le joueur ne possédant plus que deux cartes, en pioche une nouvelle. 

Je ne me penche pas sur le plateau du jeu et le chemin à tracer qui pour moi n'a aucun intérêt. L'intérêt est plutôt de voir un maximum de patterns pendant une partie. Je vous conseille de les lire et de profiter de leur mise à disposition sur le site web. 

 

The BigPayoff (lien)

Ce jeu introduit par Alexandre Boutin et Erwin van der Koogh en 2011 est à destination de managers pour leur montrer la souplesse que peut apporter l'agilité dans la gestion de leur portefeuille projets. Le jeu est aujourd'hui à maturité et en le jouant je me disais que bon nombre de DSI ou de big managers devraient le pratiquer. 

Un plan à 3 ans a été défini et les différents projets réalisables ont été budgétisés. Le but du jeu est de constuire le portefeuille de projets tout en finissant cette période de 3 ans avec au moins 1 million d'euros. Une contrainte est aussi fixée afin d'avoir le plus régulièrement possible des rentrées d'argent. Comme nous avons plusieurs équipes et plusieurs clients, les projets seront fait soit en mode waterfall (couleur bleue) soit en mode agile (couleur jaune). Un projet créé en mode itératif amène une souplesse que l'on ne retrouve pas dans un projet en mode waterfall. En effet comme le projet est construit en mode itératif et livré en continu, il peut être arrêté avant son terme. Le jeu permet d'arrêter un projet agile si au moins la moitié est réalisée. Dans la pratique ce mode de fonctionnement piloté par les budgets est réalisable et même parfois souhaitable pour limiter les débordements (en temps et en fonctionnalités très peu utilisées). 

Le ROI des projets non agile est un peu plus élevé que les projets agiles pour aller dans le sens des légendes urbaines comme par exemple : la mise en place d'un progiciel, les anciennes méthodes de projet sont plus strictes et donc mieux....

Au départ nous avons tendance à placer beaucoup de projets bleus.

A chaque fin de trimestre un bilan financier est fait pour constater l'avancée vers l'objectif. Pour simuler les évènements qui interviennent dans la gestion des projets sur de longues périodes (retard, arrêt, urgence...) une carte doit être piochée à chaque début de trimestre. Les joueurs sont libres à chaque fin de trimestre de réorganiser les projets non commencés.

Au final nous avons vu notre board se colorer de jaune au fur et à mesure de l'avancée dans le jeu car l'agilité amène plus de souplesse.

La suite dans un prochain article....