Histoire des écritures: langue, nombre, code

La première keynote à Devoxx France 2013 était réservée à une personne extérieure au milieu informatique, Clarisse Herrenschmidt. Clarrise est venue nous parler d’une de ses spécialités, l’histoire des écritures... Sa présentation a été à mon sens exceptionnelle et elle a le mérite d’être le seul speaker qui a suscité à la fin de sa présentation une acclamation debout de la part des auditeurs.

Le but de cette keynote était de nous parler des origines et de l’évolution de l’écriture au cours de l’histoire en abordant les 3 grandes révolutions des écrits.

Le voyage dans le temps commence en Mésopotamie en -3000 av JC à l’époque des sumériens. Cette civilisation s’est sédentarisée et pratiquait la culture et l’élevage. Pour pouvoir désigner et quantifier les marchandises, les sumériens utilisent des petits jetons d’argile, les calculi dont la forme varie en fonction de ce qu’ils représentent. Ils ont eu l’idée de regrouper ces calculi dans une enveloppe en argile (nommée bulle à calculi), qu’ils gravent en surface pour matérialiser ce qu’elle contient. C’est le début de la notification et les premières formes d’écriture. La bulle à calculi s’est ensuite aplatie et est devenue un support à dessin, système graphique figuratif. Les graphiques ont commencé à représenté des mots (exemple des hieroglyphes apparus en même temps en Egypte) puis au fur et à mesure de l’évolution, les hommes ont inventé un code pour représenter les syllabes pour à la fin arriver à un système d’écriture représentant des consonnes et des voyelles. Cette évolution s’est faite entre -3300 et 800.


La deuxième étape du voyage nous emmène à l’époque de la grandeur de l’empire grec en Ionie et en Lydie (sur les bords méditéranéen de la Turquie) où une deuxième forme d’écriture est apparue, l’écriture monétaire arithmétique. Cette région est celle de Crésus roi fortuné gràce aux ressources aurifères de la rivière pactole. Les grecs ont utilisé des métaux préciaux et particulièrement l’électrum (alliage naturel or argent) pour créer les première formes de monnaie. Au départ ils utilisent de simples globules mais de poids différents pour marquer les différentes valeurs. Pour différencier encore plus la monnaie ces globules sont frappés pour devenir des pièces et elles se distinguent par les formes géométriques différentes représentées à leur surface. C’est une autre forme d’écriture permettant d’écrire les nombres et leur rapport. C’est ce qui explique que nous utilisons d’autres formes que les lettres pour représenter les nombres.

La dernière étape est celle du monde d’aujourd’hui où l’informatique a réinventé la manière d’écrire de l’information à partir d’un système binaire. En 1936 Turing présente un modèle abstrait du fonctionnement des appareils mécaniques de calcul, la machine de Turing. Tout problème de calcul fondé sur un algorithme peut être résolu par ce système.

Pour Clarisse Herrenschmidt les 3 artifacts que sont l’écriture des langues, l’écriture monétaire et l’écriture informatique peuvent être shématisés par une tête humaine. La langue et la bulle à calculi représente la bouche, les globules et la monnaie représentent les yeux, et la machine de Turing, l’écriture informatique représente le cerveau.

Merci Clarrise pour sa présentation. Pour allez plus loin vous pouvez lire son livre, Les trois écritures: Langue, nombre, code